L’AUTOCENSURE DANS LES CHOIX D’ORIENTATION

Genre, origine sociale ou situation géographique. Ces facteurs poussent parfois les jeunes à s’interdire de se projeter dans leur avenir.

Mai 2019 par Sarah Brémaud

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« Ce n’est pas pour moi », « Je ne suis pas à la hauteur » ou encore « Qu’est-ce que l’on dirait de moi ? ». Des phrases que vous avez probablement déjà entendues par des adolescents qui s’interdissent de se projeter dans leur avenir. En cause : des études supérieures ou des domaines professionnels dans lesquels ils refusent de se lancer voire même de s’imaginer. Ces jeunes se fixent bien souvent des barrières eux-mêmes, comme une autocensure dans leur orientation et dans leurs choix. Les causes sont généralement les mêmes.

L’AUTOCENSURE DANS L’ORIENTATION À CAUSE DU GENRE

« C’est un métier d’homme ça. »  Les études montrent en effet que certaines filières sont plutôt investies par les garçons tandis que d’autres sont davantage investies par les hommes. 👫 D’après le ministère de l’Education par exemple, les métiers des domaines paramédicaux et sociaux sont occupés à 80% par des filles. On remarque d’ailleurs que les étudiants en écoles d’ingénieurs sont à 73% de sexe masculin. Mais peut-on dire que « ce sont des métiers d’homme » et que les filles doivent s’interdire de rentrer dans ces écoles sous prétexte que, justement, ce sont des filles ? Ou bien, au contraire, que « l’éducation, c’est une filière féminine » et que les garçons ne peuvent pas s’y projeter parce qu’en 2014, Eurostat estimait que 75% des diplômés étaient des femmes… 🤔

On dit souvent que l’on donne des qualités différentes aux hommes et aux femmes, des qualités qu’on leur inculque dès l’enfance. Plus d’écoute et de soutien pour les femmes ou plus de force pour les hommes par exemple. Cela peut expliquer en partie les choix de ces garçons qui n’imaginent pas avoir les dispositions nécessaires pour être sage-femme ou maître d’école ou ces filles qui n’imaginent pas avoir les qualités requises pour être maçonne (oui oui, ce terme existe 😌) ou chef d’entreprise. Pourtant, ces métiers auraient peut-être pu leur plaire !

« Qu’est-ce que l’on dirait de moi ? »

Le regard des autres est aussi pris en compte. Oui, parce que penser « Qu’est-ce que l’on dirait ? », c’est déjà se demander ce que les parents et les copains vont penser. Bien souvent, ces inquiétudes sont infondées. En parlant avec ses proches, le jeune verra qu’il est soutenu ! Pour lui, ce soutien est très important et lui évitera probablement l’autocensure.  

Pensez-vous que l’orientation genrée va disparaître ? Il semble que les jeunes hésitent de moins en moins lorsqu’il s’agit de se lancer dans des filières majoritairement investies par le sexe opposé. D’ailleurs, les femmes lutent toujours pour faire valoir leur égalité avec les hommes et s’estimer à la même place qu’eux. ✊ Pourtant, la répartition du choix des vœux sur Parcoursup il y a 2 ans était encore genrée. D’après l’Éducation Nationale, garçons et filles n’étaient pas répartis équitablement dans les formations sur la plateforme au moment où ils avaient fait leurs choix.

L’AUTOCENSURE DANS L’ORIENTATION À CAUSE DE L’ORIGINE SOCIALE

« Je n’en suis pas capable. » D’après une étude du rectorat de Toulouse et de l’INSEE, l’origine sociale des jeunes influe sur leurs choix d’orientation post-bac. En effet, ils se dirigeront plus facilement vers des métiers qui se rapprochent du statut social de leurs parents. Un adolescent dont les parents sont ouvriers se dira alors peut-être « je ne me vois pas chef d’entreprise ». D’une autre manière, un enfant dont les parents sont agriculteurs se projettera probablement dans le domaine agricole.

Et l’estime de soi alors ? On peut se demander si l’origine sociale des jeunes influent sur leur estime d’eux-mêmes. Ceux qui n’ont pas vu leurs parents faire des études longues douteront peut-être de leur capacité, voire pour certains, s’interdiront de s’imaginer faire de longues études ! Ces adolescents ont peur de ne pas réussir et de ne pas être à la hauteur puisqu’il n’existe pas de situation similaire autour d’eux. Il y a aussi la crainte d’être incompris. 😕 Les jeunes s’autocensurent parfois parce que leurs amis ne vont pas dans la même filière ou dans le même établissement qu’eux et ils préfèrent les suivre. D’autres ont peur d’être moqués par leurs proches parce qu’ils n’aiment pas un domaine professionnel que les jeunes, eux, auraient pu aimer.

Rentre aussi en compte l’aspect financier. Pour les jeunes qui souhaitent intégrer une filière dont les formations sont payantes, plus facile de se projeter lorsqu’on est issu d’un milieu favorisé. Et si ce n’est pas le cas ? Autocensure ! 🤐 Même conclusion lorsqu’il s’agit de se rapprocher d’une formation et de partir loin du domicile des parents. Loyer, frais de transports, courses alimentaires… Certains jeunes abandonneront rapidement ces perspectives.

La situation géographique est aussi une cause de l’autocensure. Dès le lycée, l’orientation post-bac est influencée selon les filières (générales, technologiques ou professionnelles) qui sont proposées. Dans les milieux ruraux, la filière qu’un jeune aimerait exercer n’existe peut-être pas dans les établissements à proximité de chez lui. Le choix de cette filière aura forcément un impact sur son orientation post-bac puisque certaines formations demandent d’avoir en poche un diplôme particulier pour pouvoir y accéder. D’après le Conseil économique, social et environnemental, les jeunes ruraux sont d’ailleurs moins nombreux à faire des études longues que les jeunes urbains. Pourtant, seule la motivation devrait jouer. 😊

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