PREPARER SON AVENIR QUAND ON A ENTRE 13 ET 18 ANS EN PASSANT DE LA THEORIE A L’ACTION !

AVEC SARAH TASTET ET ALIX DE QUILLACQ

 Sarah Tastet, chargée de Mission Éducation pour l’association FACE, et Alix de Quillacq, fondatrice de PITANGOO, nous parlent de leurs actions complémentaires pour mobiliser les jeunes. Des projets variés donc mais une mission commune : permettre aux adolescents de faire l’expérience de leurs compétences et se mettre en mouvement pour leur avenir. 

Avril 2019 par Sarah Brémaud et Alix De Quillacq

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Quel accompagnement proposez-vous aux jeunes ? 

SARAH TASTET : 
Grâce aux actions DiscoveryCoyote et TEKNIK, je peux proposer aux jeunes un accompagnement à différentes échelles. 

TEKNIK se déroule en un temps très court (4 à 6 heures) pour proposer à la fois des témoignages de professionnel.le.s, un échange sur l’égalité filles-garçons et mettre en situation de chef.fe.s de projets les jeunes (de 13 à 18 ans). 700 élèves ont participé à cette action cette année. Discovery (environ 50 heures sur l’année) s’adresse à 30 jeunes de 3e en manque de solution pour leur avenir dans le monde de l’école et/ou en manque de confiance en eux.elles. Le parrainage et des ateliers sur-mesure leur permettent de mettre de l’ordre dans leurs idées, d’y voir plus clair pour la suite et de prendre conscience de leurs forces. Enfin, Coyote s’adresse à 35 jeunes de 2 MLDS* de 16 à 18 ans tout au long de l’année. Accompagnée de Stéphane, un bénévole de FACE 44, nous travaillons là-aussi sur les forces que nous appelons les supers-pouvoirs. 

Durées différentes, publics différents, ces actions ont pour autant le même but : permettre aux jeunes de faire l’expérience de leurs talents, de les conscientiser pour les réinvestir dans leurs projets d’avenir (professionnels ou autres). Pour moi, la découverte de ces talents va de pair avec l’envie de se projeter dans un métier. Bien plus facile en effet de s’imaginer faire un métier qui nous permettra de mettre en œuvre nos talents. 

*Mission de lutte contre le décrochage scolaire.

ALIX DE QUILLACQ :
De notre côté, nous avons remarqué que les jeunes se connaissaient peu et qu’ils avaient du mal à parler de ce qui leur plaisait.

Nous mettons en place des actions qui consistent à mobiliser les jeunes sur leur parcours. À savoir : une application mobile gratuite pour les jeunes (proposant un parcours de connaissance de soi intégrant une évaluation à 360°) et des outils pédagogiques pour les accompagnateurs (associations, parents, établissements scolaires…). Cette dynamique « fais le bilan et passe à l’action » permet à chaque jeune d’avancer à partir de là où il en est. Il va d’abord apprendre à mieux parler de lui grâce notamment aux retours de sa communauté de confiance qui l’aidera à valoriser ses qualités et ses expériences personnelles. Il sera alors prêt à préparer des rencontres constructives pour son avenir en se basant sur ce qui lui plaît.

Cette démarche collaborative permet d’encourager l’envie, la confiance en soi et les savoirs être, clés essentielles pour construire son avenir.

Quels sont les points clés pour le passage à l'action ? 

SARAH TASTET : 
Dans chacune de ces actions, la confiance est quelque chose de primordial. Pour que les jeunes entrent complètement dans ce qu’on leur propose de faire, il faut parler avec leurs codes, savoir éveiller leur curiosité, s’intéresser à qui ils sont et, surtout, ne parler que de positif. Les liens avec les équipes pédagogiques sont également indispensables pour être bien accueillis dans ces classes. 

Coyote, Discovery et TEKNIK sont sans cesse remis en question pour s’adapter à tous les retours que nous aurons des jeunes (l’évaluation est donc indispensable) et proposer des actions qui leur correspondent. Enfin, après deux ans et demi passés dans les classes, je remarque que lorsque les adultes sont seulement des ressources (pas de vision sur l’organisation des groupes, pas d’obligation, de rdv à honorer etc.), la prise d’initiative chez les jeunes augmente et la fierté d’avoir réussi ou au moins de s’être débrouillés seuls également

ALIX DE QUILLACQ :
Je partage totalement ce que dit Sarah sur la confiance et l’importance des relais de proximité. Qu’il s’agisse des parents, d’un éducateur ou d’un professeur, leur rôle est essentiel pour structurer et accompagner la démarche du jeune. Et la qualité du lien social, du dialogue entretenu fera la différence pour le jeune.

En aidant chaque jeune à mettre des mots sur ce qu’il aime, ses accompagnateurs vont pouvoir l’aider à passer à l’action dans son écosystème et à son rythme (rencontre d’un professionnel, forums, échange avec un ami…) 

Finalement, plusieurs points me semblent clés : la capacité des jeunes à parler d’eux, à s’entourer, à reprendre confiance en eux et donc en leur avenir. En leur proposant une dynamique collective (une alliance éducative), les accompagnateurs vont pouvoir baser leurs interactions sur les attentes des jeunes, avec des moyens adaptés à leurs usages. Cela permet de créer des conditions favorables pour susciter le désir et la motivation.

Quelles sont vos plus grandes réussites ? 

SARAH TASTET : 
Ouf ! Chaque échange avec un élève est une réussite ! Si je devais prendre par projet, je dirais que chaque fin de cycle TEKNIK est un moment super. Je leur laisse 10 minutes pour lister tous les talents dont ils ont fait preuve (créativité, organisation, communication, etc.). C’est toujours drôle de faire le parallèle avec la première heure où je les ai rencontrés et qu’ils m’ont fait les yeux ronds lorsque je leur ai affirmé qu’ils avaient tous des talents.

Discovery permet d’échanger plus en profondeur avec les jeunes. Je suis également très fière de voir les professionnel.le.s de l’entreprise Total prendre à cœur le mentorat des élèves (chaque jeune a un mentor) et se mobiliser pour les aider dans la quête de leurs talents. Enfin, Coyote permet de vivre des moments très forts. Nous organiserons le 21 mai** un atelier dédié aux codes des jeunes pour des adultes venus de l’entreprise. Après deux ans à réfléchir à cette idée, je suis ravie et très enthousiaste de savoir qu’elle va se concrétiser grâce à nos coyotes de cette année 2018-2019. 

Je serai néanmoins très ingrate si je ne parlais pas de l’incroyable investissement des professionnel.le.s et des bénévoles qui rendent toutes ces actions possibles en donnant du temps aux élèves. Sans ces professionnel.le.s, nous n’aurions pas eu de réussites aussi nombreuses.

** Plus d’information à facela.stastet@gmail.com

ALIX DE QUILLACQ :
Je suis aussi frappée par la capacité qu’on les jeunes à apprendre très rapidement à bien se présenter, quand l’occasion se présente pour eux. Et quelle fierté pour eux ! C’est tellement difficile de parler de soi et c’est pourtant primordial pour favoriser des échanges constructifs.

Cela me fait penser à Céleste qui était agréablement surprise lorsqu’elle a reçu dans son application un message de son papa qui lui disait : « je te trouve sociable et consciencieuse ». Elle ne pensait pas qu’il la voyait comme ça !

Je suis également très touchée par de nombreux témoignages de parents, notamment celui d’une maman, à qui la fille a eu l’occasion de dire lorsqu’elles passaient un temps ensemble autour du carnet PITANGOO « maman, ce n’est pas moi qui veut ça, c’est toi qui veut ça pour moi ».  

Chaque moment d’échange bienveillant entre les jeunes et leurs proches sont pour nous une belle victoire.

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